Un film
de W.S. Van Dyke
Avec Clark Gable, Spencer Tracy, Jack Holt, Jeanette MacDonald…
San Francisco, reconstitution du tremblement de terre de 1906, d’une magnitude de 8.2 sur l’échelle de Richter, n’est pas un film catastrophe, dans le sens premier où nous le connaissons aujourd’hui (Volcano, Le Pic de Dante, Le Jour d’Après…).
C’est une reconstitution avant tout du San Francisco de 1906, de ses bars, de sa politique gangrenée par la corruption à tous les niveaux. Et à travers le San Francisco flamboyant de cette époque, la vie d’une jeune femme arrivée à San Francisco pour devenir chanteuse, partagée entre deux propriétaires très différents, Blackie Morton, celui d’un bouge populaire et Jack Burley, celui de l’opéra, et un pasteur qui lui rappelle son père, pasteur lui aussi.
Partagée entre ses sentiments, Mary Blake est également partagée entre ses désirs de chanteuse et le respect de ses croyances.
Alors que la lutte pour le conseil municipal se profile, Blackie Morton souhaite que le San Francisco de bois soit remplacé par un San Francisco plus moderne et moins enclin à la destruction.
Il est loin d’imaginer que le violent tremblement de terre sera suivi d’un gigantesque et encore plus dramatique incendie.
Si San Francisco préfigure l’avenir du film catastrophe, sa trame narrative, beaucoup plus axée sur l’histoire autour du drame que le tremblement de terre lui-même, est riche et la reconstitution de l’événement lui-même est relativement tardive dans le film.
Le casting est judicieusement choisi : Clark Gable joue le patron du Paradise, Blackie Morton, et apparaît à la fois comme un héros et comme un salaud, un personnage typique du cinéma des années 30 ; le personnage de Mary Blake est incarné par Jeanette MacDonald, héroïne de charme, partagée entre l’amour et la passion. A leurs côtés, Spencer Tracy est dans la peau du révérend, conscience inconsciente de Blackie Morton et de Mary Blake, gardien d’une morale qui s’efforce d’exister dans les bas fonds de San Francisco.
Même si le film tire parfois un peu sur la glorification religieuse (la rédemption à travers la prière, l’incendie « arrêté » par les prières et les chants des fidèles rassemblés sur les collines…), San Francisco est l’un des premiers films à oser la reconstitution du tremblement de terre, et à réussir à faire passer l’émotion par le réalisme des scènes et les effets visuels (vues de l’incendie de la ville depuis les collines).
Un film du patrimoine cinématographique, à découvrir !
Arnaud Meunier
01/05/2006